Action du CRIIGEN contre l’Anses et la société Nufarm

Dossier et actions juridiques : Maître Corinne Lepage

Dossier scientifique : Dr Joël Spiroux de Vendômois

Le CRIIGEN dûment habilité, dépose une requête en date du 31 mars 2023, contre la ré-autorisation la décision de l’ANSES relative à la demande d’extension d’usages majeurs de l’herbicide CHARDOL 600 (AMM n°9100296) en date du 14 décembre 2022 et publiée le 1er février 2023.

Le dossier scientifique a été réalisé par le Dr J. Spiroux Président du CRIIGEN.

Le CHARDOL 600 est un herbicide à usage professionnel « à base de 600 g/L de 2,4-D équivalent acide, se présentant sous la forme d’un concentré soluble (SL), appliqué par pulvérisation », produit et commercialisé par la société NUPHARM SAS et initialement destiné « au désherbage de vergers de cerisiers, pommiers, poiriers, cognassiers et nashis ».

Le 2,4-D (acide 2,4-dichlorophénoxyacétique), principe actif du CHARDOL 600, a été synthétisée en 1941et utilisée par l’armée des États-Unis pendant la guerre du Vietnam de 1961 à 1971 comme défoliant associé avec du 2-4-5T sous le nom d’« agent Orange», il fut responsable du développement de maladies chez les militaires l’ayant épandu, de maladies chez les personnes ayant été au contact de la substance, et de dommages environnementaux.

La composition précise du Chardol 600 est quant à elle confidentielle comme pour tous les pesticides. Il n’en demeure pas moins que sur la scène internationale, le produit ne fait pas l’unanimité compte tenu de ses effets sur l’environnement et sur la santé.

En effet, la Suède, la Norvège, le Danemark, le Québec, dont les autorités considèrent qu’il s’agit d’un perturbateur endocrinien, ont interdit la commercialisation de cette substance.

L’Institut national de la santé de la santé et de la recherche médicale (INSERM) souligne, dans une expertise collective intitulée Pesticides et effets sur la santé – Nouvelles données publiée en 2021 (production n°11), que des associations ont été identifiées entre la substance 2,4-D et :

– le lymphome non hodgkinien,

– le cancer de la vessie,

– la sclérose latérale amyotrophique,

– les sarcomes,

– l’hypothyroïdie,

– l’altération de la santé respiratoire et plus précisément le développement d’asthme,

– la participation au stress oxydant et à l’immunomodulation

 En France, nous peinons semble-t-il à tirer les conséquences qui s’imposent de la toxicité et de la dangerosité du 2,4-D qui est aussi la molécule active de 6 herbicides dont le Chardol 600, qui a fait l’objet d’une extension d’usage publiée le 1er février 2023, et par voie de conséquence de 5 autres herbicides qui ne sont, d’après les décisions de l’ANSES, que des dénominations commerciales différentes du Chardol 600 :

U600D, U46 Pro, U600 pro, Dicopur 600, Spécial Liserons Chardons EV. Tous produits par la firme NUFARM.

Tous les herbicides précités sont composés de la molécule déclarée active 2,4-D à la même concentration de 2-4,D (600g/l pour les différents herbicides cités plus haut), à laquelle sont ajoutés des coformulants dont la nature n’est pas connue.

Dans sa première conclusion en retour, la société Nufarm nous a assuré que le Chardol 600 ne comportait aucun coformulant.

Fort de cette affirmation, nous nous sommes procuré du Chardol 600 et l’avons fait analyser par un chimiste expert devant les tribunaux. La découverte fut grande puisque nous avons mis en évidence un composé organochloré, représentant 21,466% du produit Chardol 600.

Un coformulant caché existe bien dans le Chardol 600, ce qui vient contredire l’affirmation du laboratoire Nufarm : « Il n’y a pas de coformulant dans le Chardol 600 » !

Nous sommes dans l’attente des réponses de l’Anses et du laboratoire Nufarm…