Le mot du président
Le mot du président
Dr Joël Spiroux de Vendômois Décembre 2025
Depuis le mois d’octobre, l’actualisé sur les pesticides a été très importante…
Je vous présente deux publications internationales auxquelles deux membres du conseil scientifique du CRIIGEN ont participés.
1/ « La santé environnementale est négligée dans la recherche sur la longévité ».
Robin Mesnage (2025). Environmental Health Is Overlooked in Longevity Research. Review Antioxidants (Basel). 2025. Doi : 10.3390/antiox14040421.
Le vieillissement est un processus multifactoriel influencé par la prédisposition génétique et les choix de vie. L’exposition à des facteurs environnementaux est trop souvent négligée. Les polluants environnementaux, allant des particules fines et des métaux lourds en suspension dans l’air aux perturbateurs endocriniens et aux microplastiques, accélèrent le vieillissement biologique. Le stress oxydatif est un événement moléculaire majeur à l’origine de l’inflammation et de la toxicité à différents niveaux biologiques.
Nous détaillons les mécanismes par lesquels les polluants augmentent la production d’espèces réactives de l’oxygène (ERO). Ce stress oxydatif endommage l’ADN, les protéines et les lipides, accélérant le raccourcissement des télomères, dérégulant l’autophagie et, en fin de compte, accélérant le vieillissement épigénétique. Par exemple, l’exposition aux hydrocarbures aromatiques polycycliques, au benzène et aux pesticides a été associée à une augmentation de l’âge de méthylation de l’ADN. Les expositions précoces et les facteurs liés au mode de vie, tels que la consommation de tabac et d’alcool, contribuent également à l’accélération du vieillissement biologique. La perte cumulative d’années de vie en bonne santé causée par ces facteurs peut potentiellement atteindre 5 à 10 ans par personne. Il est essentiel de lutter contre le vieillissement accéléré induit par la pollution par des mesures réglementaires, des changements de mode de vie et des interventions thérapeutiques afin d’atténuer ses effets néfastes, et ainsi prolonger l’espérance de vie en bonne santé et améliorer la qualité de vie des populations vieillissantes.
L’intégration des facteurs environnementaux dans la recherche sur le vieillissement élargit non seulement le paradigme conventionnel, mais souligne également l’importance d’une approche holistique pour promouvoir un vieillissement en bonne santé. En reconnaissant et en prenant en compte les contributions des polluants environnementaux au stress oxydatif, la communauté scientifique peut développer des stratégies visant à prolonger la durée de vie en bonne santé et à améliorer la qualité de vie des populations vieillissantes.
2/ Effets cancérogènes d’une exposition prolongée, dès la vie prénatale, au glyphosate et aux herbicides à base de glyphosate chez les rats Sprague-Dawley
Simona Panzacchi et al. Dont : Michael N Antoniou et Robin Mesnage. Carcinogenic effects of long-term exposure from prenatal life to glyphosate and glyphosate-based herbicides in Sprague-Dawley rats. Environ Health. 2025. Doi : 10.1186/s12940-025-01187-2.
Les herbicides à base de glyphosate (GBH) sont les agents de désherbage les plus utilisés au monde. Les préoccupations en matière de santé publique se sont accrues depuis que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le glyphosate comme cancérogène probable pour l’homme en 2015. Afin d’approfondir l’étude des effets du glyphosate et des GBH sur la santé, l’Institut Ramazzini a lancé l’Étude mondiale sur le glyphosate (GGS), conçue pour évaluer un large éventail d’effets toxicologiques. Le présent rapport expose les résultats du volet cancérogène de la GGS. Lire la suite…
Méthodes : Du glyphosate et deux herbicides à base de glyphosate (GBH), le Roundup Bioflow utilisé dans l’Union européenne (UE) et le RangerPro utilisé aux États-Unis, ont été administrés à des rats Sprague-Dawley (SD) mâles et femelles, du 6e jour de gestation (par exposition maternelle) jusqu’à l’âge de 104 semaines. Le glyphosate a été administré dans l’eau de boisson à trois doses : la dose journalière admissible (DJA) de l’UE de 0,5 mg/kg de poids corporel/jour, 5 mg/kg de poids corporel/jour et la dose sans effet nocif observé (DSENO) de l’UE de 50 mg/kg de poids corporel/jour. Les deux formulations de GBH ont été administrées aux mêmes doses équivalentes en glyphosate.
Résultats : Dans les trois groupes de traitement, une augmentation statistiquement significative et dose-dépendante de l’incidence des tumeurs bénignes et malignes a été observée dans plusieurs sites anatomiques, comparativement aux témoins historiques et contemporains. Ces tumeurs sont apparues dans les tissus hémolymphocytaires (leucémie), la peau, le foie, la thyroïde, le système nerveux, les ovaires, les glandes mammaires, les glandes surrénales, les reins, la vessie, les os, le pancréas endocrine, l’utérus et la rate (hémangiosarcome). Une augmentation de l’incidence a été observée chez les deux sexes. La plupart de ces tumeurs étaient rares chez les rats SD (incidence de base < 1 %). Dans les groupes traités, 40 % des décès par leucémie sont survenus avant l’âge de 52 semaines, et une augmentation de la mortalité précoce a également été observée pour d’autres tumeurs solides.
Conclusions : Le glyphosate et les GBH, à des niveaux d’exposition correspondant à la DJA et à la NOAEL de l’UE, ont induit une augmentation dose-dépendante de l’incidence de tumeurs bénignes et malignes multiples chez les rats SD des deux sexes. Une apparition précoce et une mortalité accrue ont été observées pour les tumeurs multiples. Ces résultats confirment la conclusion du CIRC selon laquelle il existe des preuves suffisantes de la cancérogénicité du glyphosate chez les animaux de laboratoire. De plus, nos données concordent avec les données épidémiologiques relatives à la cancérogénicité du glyphosate et des inhibiteurs de la glycine hydrolysée (GBH).
Deux affaires très inquiétantes pour la santé humaine et celle de l’environnement :
La Loi Duplomb qui demandait la réintroduction des néonicotinoïdes a été repoussée grâce à une pétition de plus d’un million de signature, va être de nouveau d’actualité en début 2026…
Ce qui n’est pas dit dans cette affaire, c’est que l’acétamipride (le néonicotinoïde que réclame la Loi, Duplomb), ne tue pas que la mouche de la betterave (Pégomyie), le charançon de la noisette (Balanin), les abeilles et les autres insectes non cibles, mais qu’il a un impact important sur les mammifères. Les humains étant des mammifères, il y a de quoi s’inquiéter !
En effet, l’acétamipride empêche la formation du trophoblaste chez les mammifères. Le trophoblaste se développe sur l’ovule fécondé (œuf) pour participer à la formation du placenta. Le placenta mal formé favorise les fausses couches précoces ou tardives ainsi que des fœtus de petit poids, voire des mortinaissances… (Sebastian Diego Gomez et al. 2020). Trophoblast toxicity of the neonicotinoid insecticide acetamiprid and an acetamiprid-based formulation. Toxicology. 2020. doi: 10.1016/j.tox.2020.152363.
Pesticides : des autorisations sans limite de temps envisagées…
Le commissaire européen à la, santé propose de supprimer les demandes de renouvellement régulières auxquelles doivent se plier les firmes.
Dans le projet de refonte il y a : la suppression du renouvellement périodique systématique de l’autorisation pour toutes les substances actives ». Cela permettra, lit -on dans le texte de « de réaliser des économies globales importantes, c’est-à-dire de réduire les coûts de mise en conformité pour les entreprises ».
Ces autorisations éternelles seraient inadmissibles. Elles donneraient aux firmes la possibilité de « fabriquer du malade » en toute impunité et surtout de ne plus les inciter à développer des alternatives…
Je vous précise que le CRIIGEN à signé la pétition « anti Loi Duplomb » et que nous avons aussi signer une pétition contre les « autorisations illimitées »…
