En Juillet 2014, l’équipe du Pr. Séralini (Mesnage et al.)1 publiait un article dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology remettant en question les conclusions de chercheurs de la compagnie DuPont (Delaney et al.)2, suite à la publication de leur étude de toxicité d’un OGM. La contre-expertise produite par le Pr Séralini et son équipe mettait en lumière une présence de résidus de Roundup et d’OGM dans la référence de croquettes utilisée pour nourrir les rats servant de contrôles.
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Menées dans des laboratoires accrédités, les analyses révèlent que la nourriture donnée aux rats témoins contient 33% de maïs génétiquement modifié (18% de maïs NK603 tolérant au Roundup et 15% de maïs insecticide MON810) et 310 ppb (parties par milliard ou μg/kg) de glyphosate et d’AMPA, son produit de dégradation.
Cette contamination ne peut donc permettre de démontrer l’innocuité de la consommation d’un OGM, comme l’affirme pourtant Delaney et al. Cette contamination négligée des aliments témoins, qui pourrait être fréquente lors d’études similaires par l’industrie, peut être suffisante pour justifier le retrait de cette étude selon l’équipe de chercheurs français.
Les résultats de cette contre-analyse ont été adressés aux chercheurs de la compagnie DuPont. En retour, ils n’ont fourni aucun résultat d’analyses pour démontrer la validité de leur étude comme le voudrait le débat académique serein, se contentant d’adresser une lettre sans arguments scientifiques3 , où ils reprochent à l’équipe du Pr. Séralini de ne pas avoir compris leur protocole. Ici, malgré une erreur expérimentale grave dans une expérience qui, de plus, est réalisée sur une période dangereusement courte, cette étude reste publiée et pourra être utilisée à l’avenir pour justifier la mise sur le marché de nouveaux OGM de DuPont.
En maintenant l’étude, le journal Food and Chemical Toxicology démontre encore une fois qu’il applique deux poids, deux mesures (« double standards ») en faveur d’études revendiquant l’innocuité des OGM. Nous rappelons qu’en 2013, ce même journal retirait l’étude de toxicité de l’OGM NK603 et du Roundup publiée par le Pr. Séralini et son éqiuipe (étude republiée dans Environmental Sciences Europe en juin 2014) en attestant qu’il n’y avait ni fraude ni erreur volontaire.
Une attitude contradictoire qui n’a rien de surprenante lorsque l’on découvre que l’auteur principal de l’étude de Dupont, Bryan Delaney, est également membre du bureau éditorial de FCT, tout comme Richard Goodman, l’ex-employé de Monsanto. Cette publication partiale n’est donc qu’une nouvelle preuve manifeste des conséquences des conflits d’intérêts sur l’indépendance et la qualité de l’édition scientifique.
Références
1. Mesnage R, Defarge N, Spiroux de Vendômois J, Séralini GE. Letter to the Editor regarding « Delaney et al., 2014 »: Uncontrolled GMOs and their associated pesticides make the conclusions unreliable. Food Chem Toxicol. 2014. doi: 10.1016/j.fct.2014.07.003
2. Delaney B, Appenzeller LM, Roper JM, Mukerji P, Hoban D, Sykes GP.Thirteen week rodent feeding study with processed fractions from herbicide tolerant (DP-Ø73496-4) canola. Food Chem Toxicol. 2014. 66:173-84
3. Delaney B. Response to « Letter to the Editor regarding »: Uncontrolled GMOs and their associated pesticides make the conclusions unreliable » Food Chem Toxicol. 2014. doi: 10.1016/j.fct.2014.07.004.