Note du CRIIGEN suite à l’avis de l’AFSSA n° 2007-SA-0109 du 26 avril 2007 sur la publication de G.E. Séralini, D. Cellier, J. Spiroux de Vendomois, Arch. Environ. Contam. Toxicol. (2007) 52 (4) 596-602.
Le CRIIGEN n’a reçu aucune question de l’AFSSA au cours de cette analyse. Cependant, il tient à préciser quelques erreurs qui se sont glissées dans l’avis officiel de l’AFSSA, sans doute à cause d’une lecture trop rapide de la publication pré-citée.
– p. 2/8, ligne 5, il est strictement faux que « cette nouvelle analyse statistique se fonde sur la comparaison entre les données issues des rats traités et celles issues des rats témoins sans tenir compte de la variabilité individuelle qui s’exprime dans les groupes de rats nourris avec les variétés de référence ». Si une comparaison portait, comme il se doit dans toute expérience scientifique, entre les rats nourris aux OGM et leurs plus proches témoins nourris avec une composition équivalente non OGM (Table 3, p.600 de l’article), la comparaison avec l’ensemble des autres régimes de compositions différentes a été réalisée, et révèle toujours des effets significatifs (doubles encadrés, Table 2, p.599).
– Nous rappelons scientifiquement quoi qu’il en soit que les six variétés de référence ne mesurent pas la variabilité individuelle des rats, mais les effets de différentes compositions de régimes ; la variabilité naturelle est mesurée au sein d’un même groupe par l’écart à la moyenne. Ceci est une deuxième erreur de compréhension.
– Une troisième erreur de compréhension tient à l’examen des courbes de croissance (p.2/8, l.18 avis AFSSA). Elles sont toutes tracées et mentionnées (p.597 pub. et Fig. 1 A et B) et évidemment nous notons et interprétons surtout les différences statistiques.
– Une quatrième erreur (p.2/8, l.26) dit qu’il n’y a pas, dans notre article, la moindre tentative d’interprétation toxicologique. Cela pourrait discréditer scientifiquement à soi seul l’avis de l’AFSSA. En effet, le titre de notre publication, l’ensemble de notre discussion, la revue scientifique internationale de toxicologie et ses rapporteurs qui ont édité l’article attestent qu’il s’agit bien là de toxicologie et de son interprétation. Evoquer les limites historiques de l’espèce (p.2/8, l.10 avant fin) ne peut être compris que comme un trait d’humour. Nous faisons remarquer à l’auteur de l’avis que l’article évoque des signes de toxicité et non une toxicité avérée (p.3/8, l.4).
– L’auteur de l’avis de l’AFSSA semble méconnaître la première règle scientifique d’interprétation internationale, et c’est dommageable à l’AFSSA, à savoir que des effets significatifs au niveau statistique ne sont pas nécessairement insignifiants biologiquement, surtout lorsqu’ils s’accumulent sur les organes de détoxification des animaux, comme c’est ici le cas. En ce sens, nous avons déjà rejeté dans notre discussion la stupidité des arguments – un non-sens scientifique – qui consistent à écarter d’emblée les effets qui ne concerneraient qu’un sexe ou qu’une dose (surtout pour les effets hormonaux), ou seraient sans relation linéaire. Les hypothèses plus pertinentes d’interprétation (type de maladie par exemple) nécessitent par ailleurs comme nous l’indiquons un dosage des hormones stéroïdes sexuelles, entre autres, ainsi que la prolongation de l’expérience.
– p.3/8, l.8, avis AFSSA, l’auteur de cet avis a encore mal lu, puisque le « hardly modified » concerne un commentaire sur les effets habituels sur le poids, surtout en comparant pour deux groupes deux régimes chimiquement équilibrés. Evidemment, notre étude montre qu’avec l’OGM il y a tout de même effet, c’est donc important.
– L’auteur de l’avis considère donc qu’une chute de poids de 10% n’est pas susceptible d’altérer la survie des animaux à terme ; ceci est discutable, cette chute peut néanmoins affecter leur fonctionnement physiologique et endocrinien, et elle est en soi un signe de toxicité avec un régime considéré comme « normal ». Ceci est très important pour l’étude de la sécurité alimentaire.
– L’avis de l’AFSSA revient sur la nécessité d’une relation linéaire dose-réponse ou équivalente selon le sexe pour prendre en compte les effets. Cela révèle une méconnaissance des mécanismes des perturbations endocriniennes.
– p.3/8, c et e, la consommation de nourriture peut faire varier le poids, cela n’enlève justement rien au problème.
– p.3/8, d, les valeurs témoins ne sont pas significativement différentes entre elles. On est là encore dans l’erreur scientifique.
– p.3/8, e, l.6, il n’est tiré aucune conclusion particulière sur le poids à la cinquième semaine, mais au contraire sur des variations de groupes nourris aux OGM tout au long de l’expérience.
Nous soulignons à nouveau que cette étude de toxicité est la seule avec des mammifères qui mesure aussi longtemps autant de paramètres, avec le seul événement MON 863, contrairement à ce que suggère l’avis de l’AFSSA.
Nous confirmons donc nos conclusions, en proposant à l’AFSSA de nommer un autre expert.
G.E. Séralini, D. Cellier, J. Spiroux de Vendomois