Une analyse approfondie menée par un biochimiste autrichien révèle que le rapport de réévaluation du glyphosate, avant le renouvellement de sa licence pour 10 ans au sein de l’Union européenne, comprend en réalité une centaine de pages copiées-collées depuis les documents rédigés par Monsanto et les autres firmes agrochimiques. Un nouvel élément fort qui renforce la présomption de l’assujettissement de l’autorité de sécurité alimentaire européenne à la Glyphosate Task Force…
Le vote crucial approche. Dans quelques semaines, les États membres de l’Union européenne auront à déterminer s’ils accordent ou non le renouvellement de l’autorisation du glyphosate sur le Vieux continent pour les 10 prochaines années. Bien que l’agence de sécurité alimentaire européenne, l’Efsa, garantisse l’absence de risque pour la santé humaine du principe actif déclaré des pesticides les plus vendus dans le monde, l’issue de ce scrutin demeure encore incertaine. Si, de son côté, la France a affirmé qu’elle continuerait à s’y opposer, de nouveaux éléments troublants pourraient (devraient ?) pousser les indécis à suivre la position de l’Hexagone.
Le feuilleton du glyphosate a déjà suscité de sérieuses suspicions sur des liens étroits entre l’Efsa et la Glyphosate Task Force (GTF, un consortium d’une vingtaine d’entreprises agrochimiques productrices d’herbicides à base de glyphosate, dont Monsanto). En effet, non seulement les conclusions sur lesquelles repose l’avis favorable donné par l’agence à la commercialisation du glyphosate proviennent en grande partie des données fournies par les firmes elles-mêmes, mais ce travail de synthèse manque pour le moins de transparence sur les aspects-clés. Et ce ne sont certainement pas les récentes révélations du biochimiste autrichien Helmut Burtscher, lié à l’ONG Global 2000, qui vont lever ce sentiment de collusion.
De surprenants copier-coller
En regardant de près le rapport de réévaluation du glyphosate, dossier qui servira de base au prochain vote des Nations, le scientifique s’est aperçu qu’il était, sur une centaine de pages, quasiment identique à un document fourni par la GFT en 2012. Si certaines sections diffèrent légèrement par quelques ajouts ou délétions de textes, par le référencement des figures et quelques tableaux, d’autres portions sont purement et simplement un copier-coller du texte de la GFT. Étrangement, ces similarités se retrouvent dans les passages cruciaux du document, ceux dans lesquels sont analysées les études scientifiques cherchant un lien entre le glyphosate et ses effets cancérigènes. Comme si l’agence européenne avait laissé aux firmes agrochimiques la liberté de tirer les conclusions, allant évidemment dans le sens de l’innocuité du glyphosate et de l’intérêt de le commercialiser.
Or, rappelons que de nombreuses études indépendantes, y compris celle du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) ou les travaux menés par l’État de Californie, démontrent bien un effet néfaste du glyphosate conduisant à l’apparition de certains cancers.
Les révélations récentes des Monsanto Papers montrent bien, une fois de plus, comment le géant de Saint-Louis use de son influence et de ses manœuvres pour arriver à ses fins. Il semble bien que l’EFSA fasse partie de sa panoplie de marionnettes.
Plus d’informations :
– Lire l’article dans The Guardian (en anglais)