Une véritable catastrophe écologique et environnementale a eu lieu à Rouen (Seine Maritime) dans la nuit du 25 au 26 septembre 2019. L’incendie fut éteint en fin de journée du 28 septembre grâce à l’action efficace des pompiers.
Une véritable catastrophe écologique et environnementale a eu lieu à Rouen (Seine Maritime) dans la nuit du 25 au 26 septembre 2019 à 2h40. L’incendie fut éteint en fin de journée le 28 septembre grâce à l’action efficace des pompiers.
En effet, un incendie de très grande ampleur s’est déclenché sur un site industriel LUBRIZOL classé « Seveso haut risque » en tant qu’Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE). Le site voisin de Lubrizol, Normandie Logistique, qui stockait des produits Lubrizol a également été impliqué dans l’incendie. Ces sites basés à Rouen en zone périurbaine produisent des substances chimiques industrielles à base de produits pétroliers, pour adjonction dans des huiles diverses et/ou stockent ces produits.
Depuis septembre 2001 et la catastrophe meurtrière AZF à Toulouse, c’est le plus grand accident industriel jamais survenu sur le territoire national. Nous sommes ici devant une catastrophe écologique et sanitaire à venir, qui rappelle tristement celle de Seveso (Italie) en 1976…
Le panache de fumée, de 22km de long et de 6 km de large, s’est élevé à forte hauteur au droit du site, a survolé l’agglomération de Rouen et des centaines de communes jusqu’au Nord de la Belgique. Le passage du panache s’est manifesté par des retombées macroscopiques visibles de type suies et qui en certains endroits ressemblaient à un liquide noirâtre huileux de type hydrocarbures, à plus de cent kilomètres de Rouen. Cela ne dit naturellement rien, des produits invisibles potentiellement toxiques !
Force est de constater que comme dans toutes ces catastrophes, les mesures prises n’ont pas été à la hauteur de l’évènement, sauf l’action des pompiers qui ont fait le maximum avec les matériels dont ils disposaient. Les mesures de protection sanitaire des riverains immédiats, des personnels des usines voisines n’ont pas été prises ou alors avec beaucoup de retard.
Dès le début de l’incendie, les populations les plus à risques comme les femmes enceintes, les nourrissons… auraient dû être prévenus, voire pris en charge pour le suivi médical mais aussi pour des actions de prévention, de mise à l’abri. Rien n’a été réalisé !
Tout a été fait pour banaliser l’évènement : l’alerte n’a été donnée que 6 heures après le début de l’incendie et qu’à une petite partie de la population, les habitants sont partis au travail comme d’habitude, les transports en commun ont été mis en service normalement et seulement quelques établissements scolaires ont été fermés.
Même constat concernant les prélèvements réalisés pour l’évaluation de la pollution qui furent peu nombreux, et mal adaptés à la situation…
Il a fallu attendre huit jours pour connaitre les références des produits qui furent brûlés. Plus de 600 produits toxiques sont retrouvés sur les listes fournies par Lubrizol. Les listes qui reposent sur la « bonne foi » de l’entreprise…
Les fiches toxicologiques des produits présents à Lubrizol, concernent chacun d’entre eux séparément, non mélangés, non carbonisés. C’est ici que les difficultés commencent !
Qu’en est-il des mélanges, des produits de combustion en fonction de la température ? Personne ne peut le dire avec exactitude ! Ce qui est sûr, c’est que la combustion de produits pétroliers se traduits par l’émission de dioxines, PCB (polychlorobiphényles), HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), ETM (métaux lourds), COV (composés organiques volatils), les particules fines (PM10, PM2,5) les ultrafines (PM0,1) les plus dangereuses n’ont d’ailleurs pas été recherchées. A cela s’ajoutent des résidus d’amiante contenus dans les toitures en fibrociment des différents hangars qui partirent en fumée.
Malheureusement, la presque totalité de ces produits sont des perturbateurs endocriniens qui modifient la communication cellulaire et sont donc capables d’interagir avec les systèmes hormonaux, nerveux et immunitaires. De ce fait, les effets sur la santé ne pourront apparaitre que 10, 20, 30 ans après l’exposition…
Ce qui pose un problème plus important c’est la surveillance de la population exposée. Elle devra se faire pendant les 10, 20, 30 années à venir pour évaluer une éventuelle augmentation des pathologies chroniques. La seule solution est la mise en place d’un registre des pathologies chroniques (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, malformations néonatales…) territorial, c’est-à-dire qui recouvre toute la zone impactée par le nuage toxique. Ce registre permettrait de surveiller la survenue de pathologies liées à la catastrophe Lubrizol. Cela n’a jamais été réalisé en France et n’est pas prévu à ce jour par le ministère de la santé, ni par l’Anses…
Tout est donc sous contrôle, dormez tranquille !