L’INRA propose des alternatives au glyphosate

Alors que la France veut éliminer le glyphosate de son territoire dans les trois prochaines années, l’Institut national de la recherche agronomique vient de publier un rapport soulignant qu’il existe d’ores et déjà des solutions pour sortir de l’épandage d’herbicides à outrance. Cela implique une refonte des pratiques agricoles.


Alors que la France veut éliminer le glyphosate de son territoire dans les trois prochaines années, l’Institut national de la recherche agronomique vient de publier un rapport soulignant qu’il existe d’ores et déjà des solutions pour sortir de l’épandage d’herbicides à outrance. Cela implique une refonte des pratiques agricoles.

 Ces dernières années, la France s’était toujours opposée au renouvellement de la licence du glyphosate sur l’Union européenne. Mais cette position n’a pas suffi à l’interdire sur le Vieux continent pour les cinq prochaines années. Qu’à cela ne tienne, l’Hexagone a décidé de prendre les choses en main et de bannir la substance de son territoire d’ici 3 ans.

Néanmoins, les herbicides à base de glyphosate demeurent encore si prégnants dans nos cultures (9 100 tonnes ont été épandues au cours de l’année 2016) qu’il est nécessaire de réfléchir à des alternatives pour les agriculteurs qui y recourent. Ainsi, les ministères de l’Agriculture, de la Transition énergétique, de la Santé et de la Recherche ont missionné début novembre l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) pour qu’il synthétise les usages déjà existants pour sortir de la dépendance au glyphosate.

Les premiers bilans viennent d’être publiés. Les délais étant trop court pour évaluer en profondeur toute la littérature scientifique sur le sujet, l’INRA s’est appuyé sur les constats déjà établis par les statistiques agricoles récoltées par l’Etat et par les filières professionnelles, ainsi que sur les déclarations des exploitations déjà engagées dans la sortie des pesticides.

Le travail de la terre, la priorité

Et le rapport tout juste paru montre qu’il est bien possible de se passer du glyphosate. Cette transition semble tout à fait réalisable dans bon nombre de cas, même si cela passera par des changements drastiques, accompagnés d’un soutien pédagogique et financier. Cela concerne par exemple les exploitations qui assurent des rotation courtes entre blé, maïs, colza et tournesol, ou celles qui ne pratiquent pas le labour. Or, l’INRA confirme que le travail du sol, couplé ou non au désherbage mécanique, permet de palier l’absence d’épandage d’herbicide. Une autre solution consisterait à laisser pousser un couvert végétal entre deux cultures pour ne pas laisser la place aux plantes adventices. Enfin, le rapport souligne également que l’utilisation d’autres pesticides pourrait aussi être envisagée durant une période de transition. Reste à déterminer lesquels…

Ce travail souligne néanmoins qu’il existe quelques cas plus problématiques, qui ne peuvent pas s’adapter aux nouvelles pratiques recommandées, comme la production de légumes frais et de conserve cultivés en plein champ, des vignobles situés sur des pentes escarpés, ou l’agriculture de « conservation » qui défend l’idée de ne pas faire de labours dans le but de préserver les sols. On se demande alors comment font les maraichers et viticulteurs bio qui se passent de pesticides depuis longtemps ou s’en sont toujours passés.

Bref, ce rapport n’apporte pas grand chose que l’on ne savait déjà. Pour sortir des herbicides à base de glyphosate d’ici trois ans, il n’y a pas besoin de rapports de l’INRA ou de quelconques autres organismes de recherche, mais de courage politique : cette décision doit se matérialiser dès aujourd’hui par un soutien clair et renforcé à la conversion vers l’agroécologie, l’agroforesterie et l’agriculture biologique.