Démarré en 2016, le CRIIGEN participe à un groupe d’expertise des évaluations du risque OGM, principalement agricole. Compte-rendu de la session du 29 octobre 2019…
RAGES (Risk Assessment of Genetically Engineered Organisms in the EU and Switzerland) est un programme de recherche sur les OGM entrepris par les associations de scientifiques critiques ENSSER (European Network of Scientists for Social and Environmental Responsibility) dont le CRIIGEN est membre, CSS (Critical Scientists Switzerland), GeneWatch UK et Testbiotech.
Le but de ce programme démarré en 2016 est d’expertiser l’évaluation des risques des OGM, en particulier des plantes, telles qu’elle est conduite par l’agence européenne de sécurité des aliments, EFSA, et son équivalent suisse.
Au cours de ce projet, les rapports préliminaires de cette expertise ont été discutés avec différents spécialistes et parties prenantes, incluant ceux de l’EFSA et de la commission européenne, au cours de deux ateliers, dont le dernier a eu lieu le 29 octobre 2019, à Neuchâtel en Suisse. Arnaud Apoteker, délégué général de « Justice Pesticides« , a assisté à ce séminaire au nom du CRIIGEN, dont il est administrateur.
Les questions auxquelles tente de répondre ce consortium associatif de recherche regardant l’évaluation des risques des utilisations courantes des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l’agriculture et dans l’alimentation sont :
• Est-ce que la pratique courante de l’évaluation des risques, telle qu’elle est établie par l’EFSA et les autorités européennes, est adéquate en termes de méthodologie et de contrôle pour évaluer les risques et identifier les incertitudes ?
• Est-ce qu’il y a des lacunes et des failles générales dans l’évaluation des risques ?
• Est-ce qu’il y a des indications ou des preuves que des risques n’ont pas été évalués correctement ?
Pour répondre à ces questions, le projet a produit une série de rapports détaillés sur des aspects spécifiques qui ont été identifiés comme cruciaux dans ce contexte. Ces aspects concernent :
• Les risques sanitaires associés à la consommation de produits dérivés de plantes génétiquement modifiées tolérant des herbicides.
• Les risques environnementaux associés à la culture de plantes OGM produisant des toxines insecticides Bt.
• Les risques sanitaires associés à la consommation de produits dérivés de plantes génétiquement modifiées altérées dans leur composition nutritionnelle (dites biofortifiées).
• Les risques sanitaires associés à la consommation de produits dérivés de plantes génétiquement modifiées avec une combinaison de traits (constructions dites d’empilement de gènes, où les plantes sont dotées de plusieurs caractères, comme la tolérance à divers herbicides ou la production de divers insecticides)..
• Les risques environnementaux associés à des cultures génétiquement modifiées qui peuvent persister et se propager spontanément dans leur environnement.
• Les risques associés aux organismes modifiés par de nouvelles techniques de génie génétique.
Les rapports sur ses différentes questions, en cours de finalisation, ont été discutés pendant l’atelier, en présence de fonctionnaires de l’agence européenne de sécurité des aliments et de la commission européenne, de même que de représentants d’ONG européennes.
Il ressort des diverses présentations que l’évaluation des risques des OGM, telles qu’elle est effectuée par l´EFSA (et son équivalent suisse) est largement insuffisante pour assurer l’absence de risques pour l’environnement ou la santé des disséminations d’OGM et qu’il subsiste de très nombreux biais méthodologiques et expérimentaux. L’agence semble clairement peu préparée à des évaluations systémiques de l’impact des OGM sur l’environnement et la santé et n’a pas pris la mesure des défis posés en termes d’impacts différés et à long terme. Mais elle est également contrainte par le mandat que la Commission lui impose en fonction de son interprétation de la législation européenne.
Les rapports finaux du programme RAGES seront bientôt enrichis à la suite des discussions intenses et publiés au début 2020. Il est à noter qu’un de nos administrateurs, Nicolas Defarge, est coauteur des rapports sur les lacunes de l’évaluation des plantes Bt et des plantes tolérantes aux herbicides.
Arnaud Apoteker