La France devrait s’opposer au renouvellement du glyphosate

You are currently viewing La France devrait s’opposer au renouvellement du glyphosate


Le ministère français de la Transition écologique et solidaire a affirmé par voie de presse qu’il voterait contre la proposition de la Commission européenne de renouveler l’autorisation du glyphosate pour les 10 prochaines années. Raison invoquée : les doutes persistent.

 

Glyphosate : passera, passera pas ? Le feuilleton qui dure depuis un an et demi pourrait prendre un nouveau tournant. Alors que les États membres auront à se prononcer le 5 ou 6 octobre prochain pour le renouvellement ou non pour 10 ans de l’autorisation de commercialisation du glyphosate à l’intérieur des frontières européennes, la France a d’ores et déjà exprimé sa position : elle votera contre. Du moins, c’est ce que le ministère de la Transition écologique et solidaire a explicité à l’AFP.

Pour rappel des faits, l’autorisation du principe actif déclaré des herbicides les plus vendus au monde arrivait à expiration à la mi-2016 et à l’époque, déjà, l’Europe se devait donc de statuer sur le sort du glyphosate. Lors de ce précédent vote, la France, suivie par Malte, s’était opposée du fait des sérieux doutes sur l’innocuité sanitaire et environnementale du glyphosate. Mais sept autres nations, parmi lesquelles l’Allemagne ou l’Italie, s’étant abstenues, la majorité qualifiée n’a pas été atteinte. Face à ce blocage, la Commission européenne décidait alors de prolonger de 18 mois la commercialisation des pesticides à base de glyphosate pour laisser le temps à l’Agence européenne des produits chimique (ECHA) d’approfondir l’évaluation.

Glyphosate : « des doutes demeurent »

 

Et l’instance sanitaire s’est bien exprimée en mars dernier, affirmant l’innocuité de la molécule. Mais cet avis ne convainc pas : l’étude repose sur les données directement fournies par les firmes agrochimiques, dans la plus grande opacité, et est en contradiction avec les avis d’autres agences, dont ceux du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), branche de l’OMS, et de l’agence de l’État de Californie. De ce fait, des voix multiples se sont élevées, mais malgré la demande de transparence, l’UE a décidé de relancer la procédure d’autorisation, avec pour finalité un vote en octobre des États membres.

Nous y sommes donc, ou presque. Mais la position raisonnable de la France, « en raison des doutes qui demeurent sur [la] dangerosité [du glyphosate]1 », prouve que les conclusions de l’ECHA n’auront pas convaincu, et montre la nécessité d’une expertise indépendante de toutes pressions des lobbys. Il n’y a plus qu’à espérer que d’autres nations osent emboîter la position de la France pour qu’une majorité qualifiée dans le sens du refus de ré-autorisation s’impose.

1 De nombreuses instances sanitaires, rongées par les conflits ‘intérêts avec les géants de l’agrochimie du type Monsanto, ont conclu à l’absence de danger du glyphosate pour l’Homme. Mais le Circ a rangé en 2015 le glyphosate parmi les substances cancérigènes probables. Plus récemment, l’État de Californie a également souligné les propriétés cancérigènes de la molécule.