Les Etats membres ont approuvé, lundi 27 novembre 2017, la proposition de renouveler le glyphosate au sein de l’Union Européenne pour les cinq prochaines années. Une décision inattendue, qui pourrait bien être le fruit indirect de nouvelles manœuvres de Monsanto et Compagnie.
Finalement, l’Allemagne ne s’est pas abstenue… En étant le 18e pays à voter pour la proposition de la Commission européenne de renouveler le glyphosate pour les cinq prochaines années sur le Vieux continent, alors qu’elle avait annoncé qu’elle ne prendrait pas position, elle a permis au scrutin d’obtenir la majorité qualifiée et donc de basculer en faveur de la réautorisation de la molécule déclarée active des herbicides à base de glyphosate (HBG). Ce nouvel épisode du feuilleton du glyphosate a donc pris fin lors de ce comité d’appel, après un an et demi de débats et dans la plus grande surprise, une nouvelle fois au mépris du principe de précaution et de la santé des Européens.
Mais pourquoi ce retournement de situation inattendu ? Plusieurs hypothèses ont été avancées. Certains suggèrent qu’une étude considérée comme indépendante et sortie très récemment (dans un “timing” qui pose question), discréditant toute cancérogénicité du principe actif supposé des herbicides les plus utilisés dans le monde, aurait pu faire changer d’avis l’Allemagne. Une thèse peu probable, tant ce revirement de position a provoqué une crise politique outre-Rhin.
Des motivations politiques et économiques
Il semble, en effet, que cette décision émane de la seule initiative du ministre de l’Agriculture germanique, Christian Schmidt, qui a reconnu avoir fait ce choix de son propre chef, outrepassant les consignes reçues par le gouvernement de son pays, représenté par la chancelière Angela Merkel. Des analystes considèrent que cette manœuvre affaiblira ses adversaires politiques et pourraient renforcer, à moyen terme, le pouvoir de son parti. Une démarche politicienne qui dénigre totalement les centaines de millions d’Européens qui vont devoir continuer à consommer des HBG en masse dans les années à venir.
Enfin, la Glyphosate Task Force pourrait, elle aussi, avoir réussi son lobbying. Ce consortium de firmes agrochimiques dont le chiffre d’affaires dépend en grande partie des ventes des HBG (dont font partie Monsanto, Bayer ou BASF, ces derniers étant des géants de l’industrie… allemande) aurait utilisé de son influence pour alimenter les réseaux sociaux en articles orientés : soit en minimisant les dangers recensés du glyphosate et des HBG, soit en soulignant le péril des agriculteurs, menacés de mettre la clé sous la porte si les herbicides en question venaient à être interdits. Des textes qui, s’ils n’ont peut-être pas influencé les dirigeants européens, auraient pu rendre le renouvellement du vote moins impopulaire. Une fois encore, les risques pour les concitoyens n’apparaissent nulle part, et le principe de précaution se trouve une fois de plus bafoué.
La France en exemple
Face à cette décision, la France, qui a voté contre, n’a cependant pas tardé à réagir, non pas sans quelque cacophonie. Après que le ministre de l’agriculture, M. Travert s’est félicité de cette réautorisation, le Président Emmanuel Macron s’est fendu d’un message sur Twitter, s’engageant dès à présent à supprimer l’utilisation glyphosate sur son territoire d’ici trois ans. En espérant que cette déclaration se transforme en acte, il devient donc de la responsabilité de chacune des nations qui a voté contre cette réautorisation de faire de même. Le voisin italien s’est également manifesté. Quant à la Belgique, elle compte bien interdire tous les pesticides aux particuliers.