Glyphosate et cancer : la désinformation continue

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Récemment, un article de l’agence de presse Reuters semait le trouble quant à l’honnêteté du Centre international de recherche sur le cancer, l’une des rares instances à avoir jugé le glyphosate parmi les produits cancérigènes probables. Fausse alerte : les accusations reposent sur des informations erronées !

 

14 juin 2017 : pour l’agence de presse Reuters, la journaliste britannique Kate Kelland jette un gros pavé dans une mare déjà bien trouble. Son article, bien ficelé, remet en cause la qualité de l’évaluation menée par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) concernant le glyphosate, principe actif supposé des pesticides les plus vendus au monde. En effet, l’agence intergouvernementale avait, et contre vents et marées, classifié la molécule dans la catégorie des substances cancérigènes probables sur la base d’études indépendantes, alors que les instances sanitaires européennes et américaines l’exemptent de tout risque depuis plusieurs années. Mais, selon Kate Kelland, il y aurait un biais du côté du Circ.

Faisant reposer ses écrits sur un document provenant d’un tribunal, le journaliste britannique relate que l’un des épidémiologistes impliqués dans le travail, Aaron Blair, n’avait pas tout dit, lorsqu’en mars 2015, il annonçait les conclusions (gênantes) de l’évaluation. Selon Kelland, une étude pas intégrée à l’expertise du Circ, discréditerait l’hypothèse d’un quelconque danger du glyphosate pour la santé humaine. Tout de suite, les accusations pleuvent : le Circ a délibérément mis à l’écart cette recherche parce qu’elle ne collait pas avec les conclusions que l’agence voulait publier. L’évaluation du Circ serait donc orientée…

L’article de Reuters plein de parti pris

 

Troublant… sauf que l’organisation à but non lucratif « U.S. Right To Know », qui court après la vérité et la transparence sur le système alimentaire américain, s’est également procurée les sources de Kate Kelland et démontre dans un article qu’en réalité, ce sont bel et bien les écrits de la journaliste de Reuters qui manquent d’objectivité. Son texte est en effet rempli d’approximations et de parti pris.

Le fameux document source n’émane pas directement d’une cour de justice, mais provient d’un litige entre des plaignants atteints d’un cancer, accusant Monsanto et son glyphosate d’en être responsables. Ces éléments, confidentiels, ne sont en principe conservés que par les avocats des deux camps. Serait-ce la firme agrochimique elle-même qui les aurait transmis à Reuters ? Peut-être, même en soulignant les points qu’elle estime marquants ?

L’hôpital qui se moque de la charité

 

D’une part, Kate Kelland sous-entend que Aaron Blair aurait délibérément caché des informations. Or, celui-ci se défend en expliquant bien que l’étude en question n’était pas finalisée, qu’il restait des résultats à analyser, qu’elle n’avait pas encore été publiée ni soumise à une relecture par les pairs, et que de ce fait, elle ne remplissait pas les critères pour être intégrée. Logique ! De plus, Aaron Blair n’a évoqué que les données de nature épidémiologique, et le Circ ne s’est pas caché pour dire que les éléments de cette nature aboutissaient à des preuves « limitées ». En revanche, les recherches menées chez l’animal mettent en évidence un lien entre glyphosate et cancer bien plus clair. Et bien que le scientifique les ait évoquées lors de son témoignage, elles ne sont jamais citées par la journaliste.

Bref, Monsanto tente toujours de mettre la pression sur le Circ et essaie cette fois de le décrédibiliser en remettant en doute l’indépendance de son travail. C’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité… Surtout que, comme par hasard, l’une des personnes interrogées par Kate Kelland, un certain Bob Tarone, présenté comme indépendant, manifeste son étonnement de ne pas voir cette étude contradictoire publiée. Mal informée ou parce qu’elle a voulu détourner la vérité, Kate Kelland a oublié de préciser que cet homme avait été payé par Monsanto pour décrédibiliser le Circ dans un article scientifique… Rien de nouveau sous le soleil, donc.

A lire également : la réponse du Circ à l’article de Reuters