Evaluation des risques : les graves insuffisances des agences sanitaires

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Le CRIIGEN, favorable à l’utilisation du génie génétique en laboratoire, n’a d’autre but que de combattre la carence et l’opacité d’évaluation de tout produit issu du génie génétique ainsi que des pesticides qui y sont associés, dont les tests toxicologiques sont considérés comme des « secrets industriels » alors qu’il en va de la santé de la population mondiale. Le Président de l’Anses, Marc Mortureux, admet pour la première des carences dans l’évaluation du Roundup.


Caen, le 25 janvier 2013

 

Le CRIIGEN, favorable à l’utilisation du génie génétique en laboratoire, n’a d’autre but que de combattre la carence et l’opacité d’évaluation de tout produit issu du génie génétique ainsi que des pesticides qui y sont associés, dont les tests toxicologiques sont considérés comme des « secret industriels » alors qu’il en va de la santé de la population mondiale.  

 

Nous félicitons le rapport de l’Agence Environnementale Européenne qui démontre les ravages du lobbying, des conflits d’intérêts, et des erreurs méthodologiques volontaires contre la santé humaine,  mais aussi les finances publiques ; il met les politiques face à leurs responsabilités, qui sont immenses. 

 

Dans l’initiative de transparence que nous avons engagée et demandée suite à la publication de nos travaux sur la toxicité du Roundup et de l’OGM NK603, nous prenons acte d’un premier pas de l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui vient de mettre en ligne sur son site internet des données toxicologiques brutes (biochimiques, biologiques et histologiques) de l’étude de trois mois sur des rats, lesquelles ont permis l’homologation du maïs transgénique NK603. Cependant, celles-ci sont diffusées sous une forme inexploitable qui ne permet pas à un statisticien d’en tirer la moindre analyse, sans passer des mois à recopier des tableaux scannés. Aussi, nous encourageons l’EFSA à aller maintenant au bout de sa démarche en publiant les données du NK603 sous forme statistiquement exploitable, format dont elle dispose forcément puisque nous ne pouvons imaginer qu’elle ait pu émettre un avis favorable de commercialisation sans avoir normalement au préalable analysé et vérifié elle-même ces données. 

 

De plus, il convient, comme nous l’avons demandé directement dès le 20 septembre 2012 à Madame Geslain Lanéelle, directrice de l’EFSA, de publier l’ensemble des données brutes relatives à l’homologation du glyphosate, considéré comme le seul principe « actif » du Roundup, mais aussi et surtout du Roundup lui-même, car c’est cette formulation entière qui est utilisée en agriculture, et dont les résidus peuvent contaminer notre environnement et notre alimentation. D’après l’Agence française de sécurité sanitaire (ANSES), ces données sont pour l’instant dans le bureau de l’agence allemande BfR. Celle-ci les garde donc à l’abri des regards critiques, toujours au nom du secret industriel. Dans ces conditions, on se demande comment les autres agences ont pu prendre des avis sur la commercialisation des Roundup pendant des années ! 

 

Dans un courrier en date du 9 janvier 2013, le directeur général de l’ANSES, Monsieur Marc Mortureux, écrit : « Concernant les tests sur le Roundup, il n’y a pas d’exigence dans le dossier d’évaluation du ‘produit’ de test de long terme. Il s’agit de tests de toxicité aigue, sans résultats d’analyse de sang ». Nous avons donc ainsi, pour la première fois, la preuve officielle que le pesticide le plus utilisé au monde n’a jamais été testé plus de quelques jours et sans études des paramètres sanguins. Il apparaît donc que l’EFSA et l’ANSES, ou le BfR entre autres, avec probablement la vaste majorité des agences sanitaires du monde, se sont prononcées sur la sécurité du Roundup sans en avoir exigé des études toxicologiques dignes de ce nom, et donc sans obtenir  des données biologiques. Dans ce contexte, on ne s’étonnera pas que les agences puissent être unanimes pour délivrer une autorisation de produits comme elles le font, ou de délivrer un avis presque photocopié contre un article scientifique de notre part qui démontre leur propre laxisme et/ou leur incompétence. Cela est  gravissime, car leur rôle n’est-il pas la protection de la santé et non l’aide à la commercialisation de produits toxiques mal évalués ? 

 

C’est donc seulement après une transparence totale de la part des agences concernées que nous dévoilerons nos données brutes remises à un huissier présent au Parlement Européen le 15 janvier dernier. Un vrai débat contradictoire sur la pertinence toxicologique des résultats des deux parties pourra alors s’engager auprès de la communauté scientifique que nous encouragerons à analyser l’ensemble des données existantes sur les deux produits.

 

De plus, nous rappelons que nos données sont des données de recherche qui ont pour but de mieux appréhender l’éventuelle dangerosité de produits, et non pas de valider leur autorisation commerciale, contrairement à celles des agences d’évaluation qui ont conduit à des avis positifs d’autorisations. On ne peut donc que s’étonner que toutes celles et ceux qui sont si soucieux aujourd’hui de transparence à notre égard n’aient jamais manifesté une telle exigence à l’endroit des agences d’évaluation.

ANSES-courrier-de-Marc-Mortureux-en-date-du-9-janvier-2013