Utilisé depuis les années 1960, le dicamba revient à la mode depuis que les firmes agrochimiques ont créé des plantes tolérantes à ce pesticide. Sauf que ses effets se font ressentir sur les champs voisins, preuve que le pesticide se répand au-delà de sa zone d’épandage.
Depuis quelques temps, déjà, les pesticides à base de glyphosate donnent des signes de déclin. Certes, il s’en vend et s’en épand toujours des doses industrielles chaque année, mais à l’instar des antibiotiques, dont l’efficacité s’érode avec le temps du fait de l’émergence de résistances bactériennes, les plantes adventices supposées être éradiquées par l’herbicide phare de Monsanto développent des stratégies pour survivre. Si bien qu’à terme, l’éventuelle utilité de ces herbicides s’avère complètement caduque.
Et, tout comme cela a été fait avec les antibiotiques, l’industrie agrochimique propose désormais sa solution : proposer de nouveaux herbicides. Une manne financière intéressante pour ces firmes, qui continuent à dominer le secteur. Même si cet épandage massif de désherbants ne contribue très évidemment pas à améliorer la santé environnementale.
Ainsi, la mode actuelle consiste à traiter les champs de soja et de coton par du dicamba, un pesticide conçu dans les années 1960 et traditionnellement usité avant que les plants ne sortent de terre. Pas de panique pour la récolte : Monsanto, BASF et DuPont commercialisent des plants de soja et de coton transgéniques tolérants, entre autres, au dicamba.
Le dicamba, un peu volage
Problème : l’agence de protection environnementale des Etats-Unis (EPA) a commencé à recevoir dès les mois de mai et de juin des rapports d’agriculteurs faisant état de dégâts importants sur les récoltes des champs voisins dus à la dispersion du dicamba au-delà de sa zone d’épandage. Au 15 octobre dernier, 2 708 réclamations d’agriculteurs avaient été déposées au bureau de l’EPA, celles-ci signalant la plupart du temps que les feuilles de soja non transgénique étaient devenues bombées et plissées.
Pour l’heure, l’impact sur les récoltes de soja n’a pas encore pu être mesuré, puisque la moisson n’est pas encore terminée. Les cultures de soja ne seraient pas les seules à être affectées, le document de l’EPA soulignant également des dégâts sur des récoltes de melons, pastèques, tomates, vignes, autres fruits et légumes, et même des jardins de particuliers.
Du côté des multinationales, l’erreur vient évidemment des cultivateurs, qui ont mal utilisé le produit. Mais selon certains chercheurs, les raisons de cette dispersion viendraient de la nature du dicamba, substance jugée très volatile. Une fois encore, ce pesticide a été autorisé sans en déterminer toutes les propriétés et en mesurer les conséquences.