BIOGRAPHIE, Professeur Gilles-Eric Séralini

 

Une biographie de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen et président du Conseil scientifique du CRIIGEN.

 

Sa carrière, ses recherches et son travail d’auteur pour une science au service de la santé publique.


Gilles-Eric Séralini, Professeur de biologie moléculaire, Université de Caen
Président du conseil scientifique du CRIIGEN

Né en 1960 en Algérie, de nationalité française, Gilles-Eric Séralini après des études à Nice, devient docteur en biochimie et biologie moléculaire de l’Université de Montpellier II en 1987. Sa thèse traitait déjà de cancérogenèse, en particulier du rôle potentiel des polluants de l’alimentation dans le développement de pathologies liées à des perturbations des hormones sexuelles. Il part ensuite poursuivre ses recherches fondamentales quatre années durant en Amérique du Nord, en Ontario puis au Québec, dans deux laboratoires internationalement reconnus (Department of Obstetrics and Gynecology, University of Western Ontario, London ; Centre de Recherches en Endocrinologie Moléculaire de l’Université Laval, Québec). Habilité à diriger des recherches, il réussit en France à trente ans le concours national de professeur des Universités et devient en 1991 Professeur de Biologie Moléculaire à l’Université de Caen, poste qu’il occupe toujours. Il est aujourd’hui chercheur à l’Institut de biologie fondamentale et appliquée (IBFA) et codirecteur du pôle Risque Qualité et Environnement Durable de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines (pôle associé au CNRS) de l’université de Caen.

Il a travaillé quinze années durant sur les traitements puis les origines du cancer du sein et le lien potentiel avec la présence de polluants dans les poitrines des femmes afin d’étudier les possibilités d’une prévention et d’un traitement innovant (2003). Il a été de la première génération de chercheurs à utiliser les manipulations génétiques et l’étude de l’ADN afin d’appréhender le rôle et la localisation de gènes humains impliqués dans le transport des hormones sexuelles et la reproduction. Il a dirigé de 1991 à 2014 une quinzaine de thèses expérimentales, traitant notamment des hormones sexuelles et du cancer, des OGM, pesticides et effets des polluants en général. Il a publié avec son équipe de recherche plus de 150 communications internationales en revues à comité de relecture (« peer-review ») et colloques, sans compter les revues nationales. Spécialisée sur l’analyse des OGM et des pesticides, ainsi que les perturbations endocriniennes, l’équipe Séralini est l’une de celle qui publie le plus au monde sur ces sujets, et d’autant plus de manière critique, ce qui lui vaut les foudres de l’industrie et des experts qui lui sont attachés.

Une liste complète des publications scientifiques du Professeur Séralini et de son équipe peut être consultée sur le site du CRIIGEN.

Expertise et engagement

En 1997, alors que les premiers OGM agricoles sont cultivés depuis un an, il aide à la rédaction et signe l’appel lancé par le botaniste Jean-Marie Pelt, qui demande, au nom du principe de précaution, un moratoire sur les cultures transgéniques, le temps d’en évaluer les risques. Deux ans plus tard, en 1999, il fonde avec le Professeur Jean-Marie Pelt et l’ancienne Ministre de l’Environnement Corinne Lepage, le Comité pour une Recherche et une Information Indépendantes sur le génie Génétique (CRIIGEN), dont il devient président du conseil scientifique, et qui regroupe une quarantaine de chercheurs internationaux.

Il est expert depuis 1998 pour le gouvernement français, l’Union européenne et plus récemment pour le Canada et l’Inde, ainsi que plusieurs autres pays. Il a ainsi été membre, de 1998 à 2007, de la Commission du génie biomoléculaire chargée d’évaluer et d’autoriser les OGM, au sein du ministère de l’Agriculture et du ministère de l’Environnement. Il a également été membre du Comité de Biovigilance surveillant les OGM après commercialisation de 1998 à 2007. Il a été nommé en 2003 expert à l’Union Européenne pour préparer le dossier défense devant l’OMC d’un litige commercial qui opposa Etats-Unis/Argentine/Canada à l’Union Européen sur le dossier du moratoire des cultures OGM en Europe. Il a été membre de la Commission Borloo-Lepage au Grenelle de l’Environnement entre 2007 et 2008 afin de contribuer à une réforme réglementaire visant à réévaluer les biotechnologies au sein de l’Union Européenne. Il a été expert en Inde (2009-2010) et aux Philippines (2012-13) devant des cours de justice lors de jugements de conflits sociaux en lien avec la problématique OGM et toxicité. Ses interventions ont contribué à la non-commercialisation de l’aubergine transgénique-insecticide dans ces deux derniers pays.

Suite à ces expériences, il dénoncera les carences du système d’évaluation des OGM et des pesticides qui leur sont associés, ainsi que les nombreux conflits d’intérêts d’autres experts liés au lobby des biotechnologies. Les lacunes et la pauvreté scientifique des dossiers présentés à l’évaluation par les producteurs d’OGM, et de leurs pesticides associés, l’ont amené à se centrer sur ce sujet de santé publique et à éditer des contre-expertises depuis 2007. De 2008 à 2012, dans le plus grand des secrets à cause de pressions de l’industrie, il mène avec son équipe une étude de toxicologie de long terme sur un maïs OGM NK603 et l’herbicide Roundup, la plus détaillée et la plus chère en la matière, afin de pallier aux manquements des connaissances sur les effets à long terme de ces produits. Les conclusions alarmantes de cette étude en matière de santé publique feront le tour du monde et feront l’objet d’une vive polémique alimentée par une industrie menacée dans ses intérêts.

L’étude est désormais consultable en accès libre sur le site de la revue Environmental Sciences Europe du groupe Springer, et les données brutes ont également été mises en accès libre dans une logique d’ « Open Science » et de transparence.

Un auteur reconnu et un scientifique primé

Il est également un auteur reconnu pour ses qualités de vulgarisation scientifique à destination du grand public. Il publie en 1994, L’évolution de la matière, de la naissance de l’Univers à l’ADN (Pocket, épuisé), en 1997 Le Sursis de l’espèce humaine (Belfond, épuisé), puis OGM, Le Vrai Débat (Flammarion, 2000), suivi de Génétiquement Incorrect (Flammarion, 2003 et Coll. Champs – poche, 2005). Marquant son attachement à la recherche sur les biotechnologies, et leur diverses utilisations hors et dans les champs, il publie en 2004 Ces OGM qui changent le monde (Coll. Champs, Ed. Flammarion, réédition revue et amplifiée, 2010). il poursuit sa collaboration littéraire avec Après-nous le déluge ? (Flammarion/Fayard, 2006). Paru en 2009, Nous pouvons nous dépolluer (Editions Josette Lyon) sur ses recherches sur la détoxification du corps. En 2012, il publie Tous cobayes ! (Flammarion) où il retrace les quatres années passées à mener son expérience inédite sur un OGM et l’herbicide Roundup. Le film Tous Cobayes ? de Jean-Paul Jaud (J+B Séquences) a été librement adapté de cet ouvrage et diffusé en salle. En 2014, il publie avec le chef cuisinier Jérôme Douzelet Plaisirs cuisinés ou poisons cachés (Actes Sud).

L’ensemble de ses activités lui a valu de recevoir l’Ordre de l’Etoile de l’Europe, au grade de Commandeur, de la Fondation Européenne, Commission des Arts, Sciences et Belles-Lettres (Huy, Belgique, Eté 1999). Il a reçu le Prix Denis Guichard 2001 de la Fondation de France, pour l’ensemble des recherches, ses expertises sur les OGM et ses activités en faveur d’une évaluation scientifique indépendante et éthique (Paris, 9 janvier 2002). Il a été nommé chevalier de l’ordre national du Mérite en 2008, sur proposition du ministère de l’Écologie, pour l’ensemble de sa carrière en biologie.