Testbiotech, un institut allemand indépendant évaluant l’impact des biotechnologies, somme tout-un-chacun de solliciter par un courriel le commissaire à la Santé de l’Union européenne, pour l’inciter à interdire l’entrée de plantes transgéniques de seconde ou troisième génération sur le marché européens, c’est-à-dire des plantes transgéniques rendues tolérantes à plusieurs herbicides et/ou produisant plusieurs insecticides.
Dans l’univers des biotechnologies végétales, les OGM tolérants les herbicides ont constitué une vraie révolution. Même si celle-ci n’est pas forcément positive… Ces plantes transgéniques ont été conçues pour ne pas être affectées par l’épandage d’un herbicide, qui va tuer toutes les herbes non désirées — appelées plantes adventices — (et au passage, la flore et la faune locale) et optimiser les récoltes, ou en tout cas leur faciliter le travail. Une aubaine en apparence pour les agriculteurs… mais qui sont obligés d’acheter les semences et les pesticides à l’industrie agrochimique qui récolte ainsi le beurre, et l’argent du beurre.
Sauf que ce système présente des limites. À l’instar des antibiotiques qui perdent en efficacité face à des souches bactériennes devenues résistantes, les plantes adventices ont évolué de manière à devenir moins sensible, voire résistantes, aux herbicides. Les cultivateurs ont beau augmenter les doses, ils accélèrent le phénomène de résistance et fournissent en même temps des moyens supplémentaires aux industriels.
Bayer propose un soja multitolérant
Ces firmes ne sont pas sans proposition face à ce problème. Pour l’enrayer, elles commencent à proposer des mixtures plus puissantes encore, qui mêlent plusieurs pesticides à la fois. Évidemment, en parallèle, elles conçoivent des plantes transgéniques capables de survivre et croître malgré l’épandage de ce cocktail ravageur.
C’est le cas par exemple de Bayer, désireux de racheter Monsanto en septembre 2016. Le géant allemand de la chimie élabore actuellement un soja transgénique, nommé FG72 x A5547-12, tolérant à la fois le glyphosate, le glufosinate et l’isoxaflutole. Si ce premier est classé sur la liste des cancérigènes probables par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), le deuxième est reconnu comme neurotoxique, tandis que le troisième est suspecté de déclencher des cancers. En plus des adjuvants qui composent le mélange, sachant que certains sont parfois plus nocifs que les principes actifs déclarés eux-mêmes, on obtient un cocktail détonnant qui pourrait se retrouver, du moins en partie, dans nos assiettes.
Des mails pour stopper les pesticides
Pour rappel, malgré les affirmations des industriels, les pesticides ingérés par la plante transgénique ne sont pas intégralement transformés en produits inertes : il reste des résidus, et les produits de transformation sont parfois au moins aussi toxiques que les molécules actives initiales. Ceux-ci sont ingérés au moment des repas.
Cela n’a pas empêché l’Union européenne d’accepter jusque-là une cinquantaine d’OGM tolérant à des herbicides à l’importation sur son territoire, pour la consommation animale et/ou humaine. Alors quid du soja FG72 x A5547-12 ?
Face à ces menaces jusque-là très mal évaluées, Testbiotech, un institut allemand indépendant évaluant l’impact des biotechnologies s’inquiètent des risques encourus par les Européens si cet OGM venait à être commercialisé. C’est pourquoi sur son site internet il propose à tout citoyen européen d’envoyer un courriel à Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen à la Santé, l’alarmant sur les risques de ce soja génétiquement modifié et l’invitant à ne pas approuver la plante. Plus il y aura de signataires, plus cette démarche aura de poids et de chances d’aboutir.