Dominique Béroule, informaticien membre du Conseil Scientifique du CRIIGEN, publie les résultats d’une recherche dans “Molecular Science”.
Pourquoi un anti-épileptique exercerait-il une influence favorable chez un enfant atteint d’une forme sévère d’autisme, alors que le même médicament est contre-indiqué chez la femme enceinte, du fait des risques d’autisme qu’il engendre pour sa descendance ? Le sexe d’un enfant autiste permet-il de prédire certaines variantes d’expression génétique chez chacun de ses parents ? Ces questions trouvent des éléments de réponse dans le sillage d’une étude de cas réalisée en 2015, et publiée en libre-accès en octobre 2019 par la revue scientifique «Molecular Science»: «Autism-modifying therapy based on the promotion of a brain enzyme : an introductory case-report» (en anglais donc…).
Voici la version française de son résumé introductif :
« Selon une étude récente, l’autisme impliquerait la dégradation relativement faible d’un neurotransmetteur qui participe au développement du cerveau: la Sérotonine. Un tel déséquilibre des monoamines (Dopamine, Sérotonine, Noradrénaline) aurait un impact sur les processus de mémorisation pendant les phases de sommeil, en provoquant des stcuctures neuronales aberrantes liées aux symptômes autistiques. Cette approche théorique conduit à tenter de rétablir un équilibre chimique qui soutienne la croissance efficace de nouveaux réseaux neuronaux. La prescription de Valproate est notamment justifiée par la capacité de cet antiépileptique à stimuler la production de l’enzyme cérébrale Monoamine Oxydase (MAOA). Alors que les ‘études de cas’ se focalisent habituellement sur quelques symptômes pendant moins de trois mois, pour des formes modérées d’autisme, la présente étude témoigne de l’évolution sur une année de toutes ses caractéristiques, chez un enfant de 11 ans sévèrement atteint. Après une rapide amélioration du sommeil, suivie par une exploration visuelle de l’environnement, des variations positives des symptômes de base étaient visibles neuf mois plus tard, cependant toujours perturbés par des accès d’hyperactivité. L’association du psychostimulant méthylphénidate permit par la suite d’augmenter la capacité d’attention, sans interférence biologique avec le Valproate. Une telle combinaison d’un promoteur de MAOA et d’un psychostimulant semble favoriser l’acquisition de conditionnements sociaux, sans effacer complètement les habitudes prises durant dix ans d’autisme. Son action étant seulement ‘modificatrice du terrain’, cette double thérapie dépend d’un accompagnement éducatif, comme notamment montré par cette étude. Dans le but de guider de futurs essais cliniques, d’autres résultats concernent des marqueurs biologiques spécifiques, ainsi que les variantes de promoteurs pour les gènes concernés. »